LEUR cartable : Julien Blanc-Gras

Julien Blanc-Gras - Dimanche 10 Juillet 2016
Mes cartables
Au collège, il ne fallait pas porter son cartable sur les deux épaules. Surtout pas. C’était la honte. Ca rappelait trop les petits écoliers alors que nous étions à l’âge où l’on veut se débarrasser de l’enfance pour se hisser au rang d’adolescent. Bien sûr, ça nous tordait le dos – les cartables ont toujours été trop lourds. Mais peu importait. La conformité sociale passait avant la santé, on est déjà bien cons à 12 ans.
Au lycée, la mode a changé. Il ne fallait pas porter son cartable sur une seule épaule. Surtout pas. C’était la honte. Je ne m’explique pas complètement ce revirement de tendance - peut-être qu’on en avait marre de se ruiner le dos.
A la fac, j’ai résolu le dilemme facilement : j’arrivais en amphi les mains dans les poches.
Plus tard, j’ai acheté un grand sac à dos qui m’a accompagné fidèlement pendant que je faisais mes tours du monde. Grace à ce cartable, bien calé sur mes deux épaules, je suis devenu ce qu’on appelle un écrivain-voyageur. Et quand on voyage, on n’a jamais mal au dos.
Julien Blanc-Gras - Écrivain
Auteur de : Touriste ( Le livre de poche)